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11 décembre 2018Quels paramètres d’enregistrement pour une prise de son réussie
4 février 2019Dans mon précédent article « Bien préparer sa prise de son », j’explique à quel point la préparation du matériel en amont d’une prise de son est très importante. Toutefois, il est également primordial de faire preuve d’anticipation pour les prochains mandats, en ne négligeant pas certains points primordiaux. Retour sur tout ce qui est à mettre en place pour un tournage, dès le clap de fin du précédent.
Ranger le matériel immédiatement
Après un tournage qui a pu s’avérer long, la tentation est grande de partir le plus vite possible, surtout s’il y a encore une longue route à faire avant de rentrer chez soi. Avoir un matériel parfois dispersé ne permet pas d’avoir une vision d’ensemble de ce que l’on a. Il est donc très important de faire un check de tout son matériel pour s’assurer que l’on a tout et que l’on n’oublie rien sur place. Croyez-moi, devoir revenir sur un lieu de tournage quelques jours après pour récupérer un câble important est une perte de temps tout à fait évitable (expérience faite). Cette opération est d’autant plus nécessaire lors d’un tournage en extérieur (notamment en forêt) et devra être répétée sur chaque lieu de tournage de la journée.
Remettre chaque chose à sa place initiale
Avoir un sac de prise de son bien rangé est un gage de professionnalisme. Avec l’expérience et l’habitude, on sait exactement dans laquelle des multiples poches se trouve l’adaptateur, le ciseau, le velcro, le scotch, la carte mémoire, la batterie de rechange, etc. Remettre chacun de ces éléments au même endroit qu’il était avant l’enregistrement permettra de pouvoir le retrouver aisément et rapidement au prochain tournage. Il ne pourrait rien y avoir de plus malaisant que de devoir faire attendre une équipe entière lorsque l’on cherche des piles sans savoir où on a bien pu les mettre. Je prends donc toujours un moment après le tournage, pour ranger tout ceci convenablement avant de quitter les lieux.
Nettoyer son matériel
Il n’est pas rare qu’une prise de son se fasse dans un milieu sale. En effet, poussière, terre (voire boue) ou sable seront souvent de la partie. C’est d’autant plus le cas si la météo s’en mêle et que vous vous retrouvez à utiliser votre matériel par une journée humide. Je crois qu’il n’y a pas pire que de déployer son matériel lorsqu’il pleut en forêt ou sur un chantier par exmple. Il est alors pour ainsi dire impossible de ne pas repartir avec quelques taches sur ses divers sacs, câble ou perche. Prenez bien le temps, une fois de retour chez vous au sec, de nettoyer l’ensemble de votre matériel. Premièrement, un matériel propre aura une longévité plus importante car vous éviterez ainsi les petites poussières qui pourraient venir s’infiltrer dans de petites interstices de vos enregistreurs, micros, etc. Deuxièmement, il est impensable de repartir sur un tournage avec un matériel sale. En effet, imaginez l’impression que vous pourriez donner à un client en arrivant avec un sac maculé de boue sèche. Pour correctement nettoyer votre matériel, utilisez un torchon humide pour vos diverses sacs (pensez à en avoir toujours un avec vous dans votre sac avec perche et bonnettes). Attention évidemment à sortir tout votre matériel avant pour que celui-ci ne soit pas en contact avec l’humidité. L’utilisation de lingette alcoolisée est très pratique pour nettoyer les diverses parties métalliques du matériel. Et pour les endroits plus difficile à atteindre, l’utilisation de bonbonnes nettoyantes anti-poussière sera conseillé.
Pour finir, pensez à donner un petit coup de brosse aux poils de vos bonnettes. Lorsque celles-ci sont exposées à l’humidité, les poils ont tendance à se coller entre eux, rendant ainsi leur propriété coupe-vent bien moins efficace. Chaque constructeur de bonnettes fourni généralement un petit peigne rétractable pour permettant de redonner une nouvelle vie capillaire à votre bonnette. Un conseil, emportez-la toujours avec voix dans votre sac de prise de son, cela ne prend aucune place!
Récupérer les micros-cravates immédiatement
Lorsqu’un comédien ou une personne interviewée a fini sa scène et qu’il n’interviendra plus ou du moins que vous aurez besoin de son micro pour un autre intervenant entre deux, pensez à récupérer l’émetteur et le micro qui l’équipent immédiatement. Si vous ne le faites pas, vous risquez d’une part que cette personne parte avec ou alors qu’il cherche à se déséquiper lui-même, ce qui pourrait causer des tensions sur le câble du micro, endommageant irrémédiablement le matériel, surtout si celui-ci est dissimulé dans ses vêtements. Dans un même ordre d’idée, demandez aux personnes équipées de micros-cravates de vous avertir s’ils vont aux toilettes pour que vous puissiez les déséquiper avant un potentiel incident (on préférera éviter soit de l’entendre faire ses besoins, soit de retrouver son émetteur au fond de la cuvette).
Récupérer les récepteurs sans fil ou boîtiers de Timecode fixés sur la caméra
Dans le cas où vous avez dû équiper une caméra d’un récepteur sans fil (HF) fournissant le signal de sortie de votre enregistreur, ou un boîtier envoyant un Timecode de référence, pensez à les récupérer immédiatement après le tournage pour ne pas les oublier. Idéalement ôtez-les vous-mêmes, avec l’accord du caméraman (personne n’aime tellement que l’on touche à son matériel). Un caméraman sait généralement manier du matériel et sera soigneux avec le vôtre, mais si vous le faites vous-mêmes vous serez assuré qu’il n’y aucun risque qu’il soit endommagé.
Enlever rapidement les divers éléments types Moleskin se trouvant sur des micros-cravates
Lorsque l’on est amené à dissimuler des micros-cravates sur une personne, il n’est pas rare de devoir faire appel à quelques artifices tels qu’un enrobage du micro avec du Moleskin (c.f photo ci-dessous).
Le Moleskin étant très collant, il risque d’adhérer fortement et d’être beaucoup plus difficile à enlever si cela n’est pas fait rapidement. Il y aura donc un risque de résidu. Même chose avec les Rycote Stickies.
Enlever les piles usagées d’un émetteur-récepteur
Une fois le tournage terminé, ôtez les piles usagées des divers émetteurs-récepteurs que vous avez utilisé (à moins que celles-ci aient encore une grande autonomie, potentiellement utilisable pour un prochain tournage). Cela permettra d’éviter de devoir les tester par la suite (quand on ne se souviendra plus de l’autonomie restante). Oublier cette étape vous obligera à devoir le faire au tournage suivant, perdant parfois un temps précieux sur une installation qui devra peut-être se faire rapidement. De plus, s’encombrer de piles inutiles n’a aucun intérêt. En effet, celles-ci prendront de la place dans votre sac (car rappelons-le, il est obligatoire pour des questions écologiques de les jeter dans un endroit approprié tel qu’une déchetterie) et ajouteront un poids inutile à votre paquetage. Bien que de petites tailles, une dizaine de piles sont susceptibles d’ajouter une charge relativement conséquente. Toutefois, sur des tournages parfois extrêmement courts, les appareils n’auront été utilisés qu’une ou deux heures. On peut considérer, si le prochain tournage est court également, que l’on peut continuer avec les mêmes batteries encore quelques heures.
Donner l’audio immédiatement au réalisateur
Dès la fin du tournage, il est nécessaire de s’entendre avec le réalisateur pour déterminer de quelle façon vous devrez lui remettre les fichiers. Bien souvent, ceux-ci archivent les enregistrements dès la fin du tournage sur un ordinateur portable apporté pour cet effet, de façon à pouvoir travailler sur le montage aussi vite que possible. La plupart des enregistreurs enregistrent sur des cartes SD, généralement lisibles sur tous les ordinateurs. Si vous utilisez une carte mini SD, pensez à avoir l’adaptateur avec vous. Si vous possédez un enregistreur enregistrant sur des cartes Compact Flash (comme c’est le cas de mon « vieux » Sound Devices 702T), pensez à apporter avec vous un lecteur de carte permettant de les lire, comme celui montré ci-dessous.
N’oubliez surtout pas de récupérer votre carte une fois les fichiers téléchargés par le réalisateur. Il est vite fait d’oublier et de partir sans.
Parfois il est plus pratique d’envoyer les fichiers ultérieurement via un lien WeTransfer, surtout s’il vous est nécessaire de les retravailler légèrement (pour enlever du bruit de fond indésirable ou pour les classer par exemple). Dans ce cas, pensez à prendre l’adresse e-mail du destinataire sur le moment. Cela permet également de préparer avant l’envoi un Sound Report complet.
Créer un Sound Report
Une des étapes pratique et importante pour la bonne mise en place de la post-production, c’est la création d’un Sound Report. Celui-ci se présente sous forme d’un document au format .PDF listant tous les fichiers utilisés. Il permet ainsi de donner des informations importantes sur les enregistrements, aux personnes qui feront le montage du projet (souvent une autre équipe que le preneur de son lui-même, qui est uniquement venu enregistrer lors du tournage). Ces informations sont incluses sous forme de métadonnées dans les fichiers audio.
L’excellent software Wave Agent de la marque Sound Devices permet ainsi de créer ces rapports son, une fois tous les fichiers importés. On peut, lors de l’export du rapport, choisir les informations que l’on veut y mentionner.
Parmi les informations que l’on y retrouve en voici quelques-unes :
- Nom du fichier
- Nombre de canaux utilisées
- Le nom de la prise
- La fréquence d’échantillonnage
- Le bitrate
- La fréquence d’image (24 fps/25 fps/ 29,97 fps par exemple)
- La durée de l’enregistrement
- Le Timecode au début de l’enregistrement
- Le Timecode en fin d’enregistrement
Une autre section permet également d’indiquer des données non pas sur les prises mais sur le tournage en lui-même tel que :
- La date du tournage
- Le lieu du tournage
- Le nom du projet
- Le nom du preneur de son
- Le nom du directeur du projet
Certains enregistreurs comme la dernière série 8 de Sound Devices (833, 888 et Scorpio) permettent d’ajouter ces métadonnées directement depuis la machine, lors de la prise ou même après coup. On peut même y ajouter des Notes comme celles que l’on peut voir sur l’image précédente. Les derniers enregistreurs de Sound Devices permettent même d’exporter directement un Sound Report sur l’un de ses médias (carte SD ou disque SSD interne).
Recharger les batteries
On ne sait jamais quand pourra tomber le prochain mandat. Parfois, une demande peut arriver le soir précédent le prochain tournage. La préparation du sac de prise de son devra alors être faite dans l’urgence. Devoir recharger plusieurs batteries peut prendre un certain nombre d’heures. Il est donc primordial que celles-ci soient prêtes à l’emploi aussi vite que possible. Pour gagner du temps, les recharger dès son retour de tournage évitera tout désagrément le jour-j et vous permettra de partir très rapidement.
Dire au revoir
Ça peut paraître tout bête, mais dire au revoir à l’équipe avec qui vous venez de tourner plusieurs heures est une chose primordiale. Il est important que les gens conservent une bonne image de vous, d’autant plus si vous travaillez avec eux pour la première fois. Un preneur de son est engagé pour son matériel, ses compétences mais aussi son savoir-vivre. Avoir un bon rapport avec votre client lui donnera donc envie de vous engager à nouveau. A moins d’être le remplaçant d’un preneur de son attitré qui n’a pas pu se libérer pour ce tournage, vous serez toujours en tête de liste pour une prochaine demande, si vous avez été la dernière personne à travailler avec eux et que le tournage s’est déroulé sans accros. De plus, c’est souvent lors des au revoir que l’on peut prendre le temps de discuter un peu avec l’équipe et de faire la promotion de son activité. En effet, étant moi-même également sound designer et voix-off, cela me permet souvent d’attirer l’attention du client sur le fait que je peux lui apporter mes compétences sur d’autres domaines dont il n’avait pas conscience.
L’équipe de tournage pour une publicité pour le smartphone Land Rover Explore. (Dispersés ici et là sur la photo) les réalisateurs Vandy Studio, le photographe Dom Daher, les comédiens, les agences Bullit et Brandwave et moi-même.