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18 juin 2015Felix Blume – Preneur de son
3 septembre 2015De nos jours, le cinéma est d’une qualité époustouflante, tant au niveau des effets visuels que du sound design. De plus, le rendu domestique de celui-ci évolue grâce aux possibilités techniques du Blu-ray, capable de contenir de 27 Go de données (pour les simples couches) à 128 Go (pour les quadruple couches). En comparaison, le DVD ne permet de stocker que de 4.7 Go (simple couche) à 17.08 Go (double couche et double face – très rare). Les systèmes audio Home Cinema ne sont pas en reste puisqu’ils permettent de lire des pistes audio jusqu’à des fréquences d’échantillonnages de 192kHz et une résolution de 24 bits en lossless (sans perte de qualité dû à une conversion) sur des systèmes comme le Dolby True HD ou le DTS-HD Master Audio. Actuellement, il est donc possible de visionner un film dans son salon, presque comme dans les salles de cinéma. On est bien loin de la cassette VHS de l’époque diffusée en “simple” stéréo.
Système 7.1 DTS: L, R, C, LFE, Rs, Lhs, Rhs
Qu’en est-il de la musique?
De son côté, l’industrie musicale elle, a pendant quelques temps fait marche arrière. Bref historique…Alors que jusque dans les années 80 les morceaux étaient majoritairement joués sur disque vinyle (appelé aussi disque microsillon), celui-ci fit petit à petit sa place au Compact Disc (le CD). On passait donc de l’analogique au numérique. Grosse révolution et grand succès pour ce nouveau support! Toutefois, malgré sa qualité cristalline garantie sans craquements (dus aux raies et aux poussières) et sa durée allongée (74 min. et 33 sec sur un CD contre 20 à 30 minutes sur chaque face d’un 33 (1/3) tours et 5 min. et 30 sec sur chaque face d’un 45 tours) le Compact Disque ne fit pas l’unanimité. Son problème? Premièrement sa résolution. 16 Bits pour 44.1kHz c’est peu à côté des valeurs évoquées précédemment pour le Blu-Ray et aux propriétés analogiques d’un enregistrement sur bande studio. Deuxièmement, on lui reconnait parfois un caractère relativement froid (même si rien n’est prouvé et que des écoutes à l’aveugle ont révélé que c’est une impression subjective). Cependant, techniquement, le signal du CD ne peut pas retranscrire avec précision le signal original comme il est possible de le voir sur le schéma ci-dessous. On a donc affaire à une première perte potentielle de données audios.
Vint ensuite le mp3
Le mp3 permet de compresser la source “soi-disant” sans perte de qualité de façon à réduire la taille du fichier. Il est le format idéal pour les échanges de fichiers sur internet. Étant donné que le fichier peut peser 4, 8, 16 fois moins (voire même plus suivant les réglages choisis) le temps de téléchargement en est grandement raccourci. Si comme moi vous avez connu Napster au début des années 2000 et les modems 14’400 kbps vous savez à quel point la taille des fichiers pour les transfert était importante à l’époque. Depuis, la vitesse des connexions ayant grandement évolué, il ne serait plus nécessaire de compresser autant les fichiers lors de l’envoi. Le mp3 à la taille réduite reste toutefois utilisé car il permet de mettre énormément de morceaux sur les divers lecteurs type iPod ou smartphones, ces derniers étant relativement limités en espace disque, la majorité de la mémoire étant occupée par l’OS, les applications et les photos/vidéos.
Pour compresser le morceau et le transformer en mp3 (et par conséquent réduire sa taille), il est forcément nécessaire d’ôter des données au signal original. Les fréquences supprimées étant enlevées intelligemment dans un passage où on ne les entends pas. Enfin… encore une fois “soit-disant”… Car quand on compare un mp3 en 128kbps et le fichier .wav original, la différence saute la plupart du temps aux yeux (ou plutôt devrais-je dire aux oreilles). La taille d’un fichier mp3 converti en 128kbps est 11 fois plus petite que l’original. Il y a donc forcément certaines informations qui sont retirées du fichier de base. Là on l’on remarque cette compression, c’est notamment dans les aigus où l’on peut déceler une certaine perte de brillance (voir vidéo TIDAL Lossless Explained citée plus loin dans cet article). Le son semble un peu plus étouffé. Le deuxième effet le plus important et le plus dérangeant selon moi, c’est la création d’artefacts audio (inexistants sur l’audio original) qui viennent “polluer” le signal. Cela ressemble en quelque sorte à un ordinateur qui émettrait des bips très rapides sous l’eau. Ceux-ci deviennent très audibles lors de passages avec un volume faible. Pour éviter cela au maximum, on conseillera de numériser sa bibliotèhe en 320 kbps voire en 256 kbps (si vous êtes limité en espace) mais pas en-dessous sous peine de perdre une certaine qualité d’écoute. Dans la vidéo suivante vous pourrez entendre le même extrait à différents taux de compression allant de 8kbps à 320kbps.
Les autres formats de compression
Il existe également quelques autres formats de compression. On retrouve par exemple de plus en plus souvent le format AAC (.aac, .m4a, .m4p, .m4b, .mp4, .3gp). Celui-ci est une alternative de qualité au format mp3 et occasionnant de meilleurs résultats en terme de rendu audio (un signal de meilleur qualité). Elle est notamment utilisée par Apple avec sa bibliothèque de titres sur iTunes. L’un des autres formats intéressants, apparu quelques années après fut le FLAC. Ce format, permet de compresser des fichiers jusqu’à leur donner 50% de leur taille initiale. Pourtant, lors de la réouverture, c’est exactement le même extrait audio que vous réceptionnez mais sans aucune perte de qualité (un fichier .wav transformé en .flac pourra être à nouveau sauvé en .wav à l’identique après transfert). Il est donc devenu la référence pour le transfert de fichiers audio avec une qualité haute définition.
Vers une consommation différente de la musique
Malheureusement de nos jours, les gens et les jeunes notamment, ont quelque peu perdu la notion de qualité. On en peut pas vraiment leur en vouloir, étant donné qu’ils vivent avec leur temps et les moyens modernes mis à disposition. Aujourd’hui, la majorité des gens écoutent de la musique depuis leurs baladeurs mp3, smartphones ou ordinateurs et de moins en moins sur des chaînes de salon (dans lesquels je ne compte pas les dock iPod de petite taille). Il n’est plus nécessaire de devoir acheter un CD pour le numériser sur son ordinateur et ensuite le transférer sur son ordinateur. Maintenant d’ailleurs, de plus en plus d’ordinateurs portables sont dépourvus de lecteur CD. Une connexion, quelques clics et la musique est à vous! On peut donc comprendre que de nombreuses personnes choisissent l’option téléchargeable pour se fournir en musique légalement ou non. Bon nombre d’ados n’ont certainement jamais connu ni vinyle, ni CD, ni MiniDisc et encore moins les cassettes. Actuellement la musique se télécharge sur internet et reste numérique d’un bout à l’autre de la chaîne. Elle est donc totalement dématérialisée et pire, ne vous appartient plus! Souvenez-vous du cas de Bruce Willis qui s’est battu contre Apple pour que sa bibliothèque achetée sur iTunes puisse être léguée à ses enfants. Rappelons que les conditions d’utilisation d’iTunes ne le permettent pas puisqu’il est impossible (officiellement) de transférer des fichiers d’un compte à un autre, et par conséquent d’un lecteur mp3 à un autre. A l’époque, on se passait un CD et le tour était joué. On est bien loin de ça maintenant.
Avec la possibilité d’être actuellement connecté en quasi permanence via son ordinateur ou son smartphone (voire même sa montre), une autre habitude d’écoute a fait son apparition depuis quelques années: le streaming. Plus besoin de posséder la musique sur son lecteur mp3, ordinateur ou smartphone, celle-ci est lue depuis internet en direct, sans avoir besoin de stocker les musiques sur un support personnel. Grand avantage quand il s’agit de vouloir sauver de la place sur son mobile et d’avoir accès à des millions de titres de musique. Deezer puis Spotify sont devenues les plateformes de streaming les plus utilisées dans ce domaine. D’autres alternatives ont également vu le jour comme Tidal, une plateforme musicale lancée par Jay-Z à grand renfort de promo et d’artistes connus tels que Madonna, les Daft Punk, Alicia Keys, Beyoncé, Rihanna, Jack White ou Deadmau5. Le site propose des musiques à télécharger au format standard (AAC 320kbps) pour un abonnement au prix de 9.99$ et un autre abonnement à 19.99$ pour une musique en qualité hi-fi (lossless au format FLAC), soit un peu plus cher que Spotify. Malheureusement le succès ne semble pour l’instant pas être au rendez-vous malgré certains titres ou clips des artistes de la maison, diffusés en exclusivité. Arrive-t-il trop tard alors que les gens ont déjà eu l’habitude de l’offre existante? L’offre en streaming de Spotify n’est-elle pas pour beaucoup une solution déjà bien mise en place plus adaptée? Est-ce que pour une solution hi-fi (high fidelity), les gens sont-ils prêts à débourser plus alors que la plupart d’entre eux n’entendra même pas la différence avec un fichier mp3 classique (d’autant plus s’ils sont écoutés sur des enceintes d’entrée de gamme). Certains reconnaissent toutefois que même avec l’abonnement standard de Tidal, on peut observer une qualité sensiblement meilleure à celle de Spotify. A vous d’en juger. En tout cas on ne leur enlèvera pas la fait que leur vidéo explicative concernant la différence entre titre compressé ou non est très bien faite. Vous la trouverez en suivant ce lien. TIDAL Lossless Explained
La réponse au mp3
Pour les aficionados d’une qualité ultra haute définition (soit il faut le reconnaître un très faible pourcentage de gens), il existe des appareils comme le Fiio X1, X3 ou X5, un lecteur de musique développé par une firme chinoise. Celui-ci permet évidemment de lire les formats compressés type MP3, AAC, WMA, etc…mais également les formats lossless majeurs tels que AIFF, WAV, FLAC, APE, WMA 9.1 lossless ou Apple lossless, avec des valeurs d’échantillonnages montant jusqu’à 192kHz/24Bit. Pour utiliser des fichiers de cette qualité il faut de la place! Rappelons qu’un fichier d’1 minute à 44’100Hz/16bits pèse environ 10Mo et qu’un fichier en 192’000Hz/24bits pèse environ 66Mo, soit 6.6 fois plus!!! Les lecteurs proposent alors (en plus de l’espace disque interne), une solution des plus pratique, la possibilité de lire ses musiques depuis une carte SD. L’espace devient donc potentiellement illimité puisque qu’il suffira de changer de carte pour lire d’autres musiques. Le modèle x5 possède même 2 slots pour carte SD, doublant donc les possibilités d’espace pour y mettre ses titres favoris. Avec ce produit, on est dans la très haute qualité et cet appareil est vraiment réservé aux audiophiles pour différentes raisons. Premièrement, nombre de gens n’ayant pas une oreille “entrainée” n’entendent pas la différence ou ne se préoccupent pas plus que ça d’avoir une qualité sonore supérieure à ce qui leur est servi habituellement. Deuxièmement, il est plus rare et surtout plus cher de trouver des morceaux haute qualité à l’achat sur internet même si de plus en plus de distributeurs s’y mettent (voir notamment prochain paragraphe). L’offre étant pour l’instant plus rare que pour des formats grands publics, le choix de titres sera beaucoup moins vaste. Troisièmement, si l’auditeur désire numériser lui-même sa musique, comme sa collection de vinyle par exemple, il sera nécessaire qu’il possède une installation numérique (une carte son) de haute qualité pour ne pas risquer de détériorer le signal lors de l’enregistrement et le restituer tel qu’il est. La qualité de la tête de lecture, de la connectique, des câbles, du réglage du volume d’enregistrement, des préamplis et des convertisseurs analogiques-numériques de la carte son seront des éléments primordiaux pour une bonne restitution sonore. Ce sera donc une installation coûteuse, réservée à des passionnés qui ont du temps pour faire tout cela!
En 2014, lassé de la musique en basse qualité, Neil Young a décidé de lancer lui-même Pono, un lecteur de musique et une librairie online de fichiers en ultra haute qualité soit, 192kHz/24bits. Les séances studios étant échantillonnées régulièrement à cette résolution-là, ils ne subissent donc aucune forme de compression entre la sortie du mastering et l’écoute sur son lecteur. L’accueil est pour l’instant moyen car arrivant sur un marché déjà saturé par d’autres lecteurs, il a de la mal à faire sa place, d’autant plus qu’il est vraiment réservé à un publique audiophile, donc un très faible pourcentage de la population. On saluera toutefois cette initiative qui permettra peut-être, dans un futur pas trop lointain, de retrouver la qualité musicale d’une œuvre telle qu’elle sort du studio.
Nostalgie
Face à toutes ces nouveautés technologiques ou de consommation, une certaine nostalgie réside parfois chez “les anciens” (ceux qui ont connu les années 80-90). Il y eut pendant une période une diminution de la qualité d’une part, mais également une perte de support et de tout ce qui va avec. A l’époque, on avait un ou plusieurs lecteurs différents (walkman, discman, minisci, chaine-hifi). Il fallait prendre soin de l’objet, ne pas risquer de rayer un vinyle ou un CD, ne pas emmêler la bande d’une cassette, ne pas tordre la partie métallique du Minidisc (tant de galères qui me sont arrivées…). Même si cela peut paraître aberrant d’être nostalgique des problèmes potentiels cités, c’était une expérience et on devait véritablement respecter l’objet et ne pas l’entreposer n’importe comment. Remettre le disque ou le CD dans sa fourre, la cassette ou le MiniDisc dans son boîtier. Aujourd’hui si on casse son smartphone, il suffit d’en prendre un nouveau et de le synchroniser avec sa bibliothèque iTunes pour récupérer ses playlists telles quelles! On ne vit donc pas ce rapport au support physique de la même manière.
Mais avec le disque et sa musique, il y avait aussi la fourre, le petit livret accompagnant l’album accompagné parfois de photos, images ou paroles et représentant de façon graphique la vision de l’artiste. Une étagère remplie de disques vinyles ou CD faisait également le plus bel effet dans son salon. Cette nostalgie a ainsi remis le vinyle au goût du jour et il est de plus en plus fréquent que les labels sortent les albums récent en disque 33 tours également. On retrouve le toucher (les doigts qui caressent le vinyle) et le rapport à l’objet et au soin qu’on doit y apporter. Alors qu’à une époque les presses à vinyle fermaient, il y en a de nouvelles qui ouvrent pour soutenir la forte demande actuelle (voir article Vinyl revival : deux nouvelles usines de pressage ouvrent aux États-Unis sur Traxmag). En 2015, grâce à une évolution de 52% de leur vente, les vinyles rapportent plus que toutes les offres de streaming réunies (222 millions pour le vinyle contre 163 pour le streaming). De nombreux DJs n’ont ainsi toujours pas succombé au CDs ni au .mp3 et enchaînent encore leurs titres sur vinyles. Panasonic, propriétaire de la marque Technics a d’ailleurs décidé de ressortir une platine de salon pour l’écoute domestique (voir article Panasonic va ressuciter les mythiques platines Technics). Qui l’eut cru il y a encore quelques années? Celle-ci reste toutefois bien différente du modèle connu des DJs. Si vous en possédez une gardez-la précieusement, gageons que d’ici quelques temps elles se revendront à prix d’or!
Si vous avez aimé cet article, je vous recommande vivement de visionner le reportage suivant réalisé par Soundworks Collection qui revient sur l’évolution des technologies en matière d’audio et l’évolution de la façon d’écouter les musiques.
1 Comment
Très bon article, bien expliqué et de surcroit il résume bien la situation actuelle.