Les comptes Instagram pour les fous du son
16 mai 2017L’édition d’enregistrements de bruitages
16 juin 2017La prise de son, ça ne s’apprend pas vraiment à l’école. Même s’il existe des établissements spécialisés dans l’audio tel que la SAE (School of Audio Engineering), le CFMS, l’ESRA, le FEMIS ou la Vancouver Film School, il est rare que les formations permettent vraiment d’apprendre ce métier (du moins en Suisse). On forge donc son expérience avec le temps, en multipliant les prises de son et les tournages, et surtout, sur le terrain. Car bien que la théorie via des cours ou des ouvrages soit importante (Quel micro utiliser pour quelle situation? Où le placer et comment le pointer? Comment limiter le bruit de fond potentiel? Etc.), il est pour ainsi dire impossible d’évoluer dans le métier de preneur de son sans mettre la main à la pâte de nombreuses fois. Chaque prises de son ou tournages sont différents, certains sont faciles, d’autres beaucoup plus complexes. Mais dans tous les cas, chaque mandat permet soit d’être confronté à de nouvelles problématiques (liées au lieu et à son acoustique bien souvent), soit de confirmer que la méthode que l’on utilise fonctionne à merveille. Cela permet aussi savoir ce qui fonctionne ou pas, de savoir si son matériel est adapté (ou s’il faut investir dans de nouveaux enregistreurs ou micro) et de voir là où il y a encore des choses à apprendre. Quoiqu’il en soit les erreurs sont inévitables mais nécessaires pour évoluer (et surtout pour ne plus les faire).
Dans tous les cas, être preneur de son, n’est pas un métier facile, ni de tout repos. Que l’on travaille sur de la prise de son pour une librairie sonore, du sound design ou sur une production audiovisuelle type court-métrage ou interview, on est amené à se retrouver confronté à de nombreuses situations. C’est pourquoi j’ai choisi de vous relater dans cet article les différentes nécessités du métier via quelques situations particulières voire amusantes que j’ai eu l’occasion de rencontrer au cours de divers mandats.
Avoir une bonne forme physique
Premièrement, l’une des premières difficulté du métier est d’ordre motrice. En effet, on transporte en permanence son matériel de travail sur soi: sacoche contenant l’enregistreur, câbles, micros, casque et perche. Il faut donc apprendre à pouvoir évoluer aisément avec tout ce matériel sans donner l’impression d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine. C’est sur le ventre ou parfois accroché à ses épaules via un harnais spécial que l’on charrie tout ce beau monde. Entre le poids du matériel et la perche (pouvant mesurer facilement jusqu’à 3-4 mètres voire bien plus) portée à bout de bras, parfois sans bouger pendant de longues minutes, il est nécessaire d’avoir une bonne musculature dans les bras et le haut du corps pour tenir sur la durée. D’autant plus qu’il peut arriver de devoir transporter son matériel sur de grandes distances, inaccessibles en voiture. Ça a été le cas pour un tournage en altitude, où il a fallu plusieurs fois gravir une centaine de mètres de dénivelé sur des chemins pédestres peu praticables. Autant le dire tout de suite, les pompes effectuées chaque matin au réveil prennent tout leur sens quand on pratique ce métier.
Enregistrement de capsules d’interview de Youtubeurs romands pour la Radio Télévision Suisse
Savoir composer avec le monde et le bruit autour de soi
Enregistrer des ambiances pour des bruitages (notamment sur des lieux publics avec des passages de personnes), peut amener quelques problématiques. En effet, avoir un micro de grande taille, ça se remarque. Comprenant ce que je fais, certains s’amusent donc à se faire remarquer. J’ai donc eu le droit plus d’une fois à des phrases complètement incongrues (et intentionnelles) lorsque des personnes passent devant mon micro (je vous passe les détails mais c’est rarement très intelligent). Une fois, j’ai même eu un illuminé qui s’exprimait de vive voix sur la nature de l’homme, la religion et les extraterrestres (si si!) tout en faisant de grands gestes face au Lac Léman. Celui-ci ne le faisait par contre pas pour être enregistré mais prêchait tout naturellement sa bonne parole. Par chance, il s’est arrêté dès qu’il a vu mon micro, à mon grand bonheur vu qu’il m’avait ruiné 15 minute d’enregistrement. Ma fois cela fait partie du jeu, c’est pourquoi il m’est toujours utile d’enregistrer mes ambiances pour les bruitages sur une durée d’environ 45 à 60 minutes. J’enlève ensuite toutes les paroles trop évidentes pour en retirer 5 à 10 minutes une fois édité. Ce problème ne se pose pas, heureusement, lors de l’enregistrement de la nature, avec des chants d’oiseaux par exemples. Quoique… ne parlant pas leur langage, peut-être qu’ils s’amusent à piailler des obscénités? Nous ne le saurons jamais…
Sur le tournage d’un court-métrage, c’est différent. Il peut y avoir un grand nombre de personnes sur le plateau, mais tout le monde sait qu’il doit se taire lors des prises. Il faut cependant faire parfois preuve d’un peu d’autorité, notamment au moment de l’enregistrement du Room Tone (parfois aussi appelé Son seul). Cela consiste à faire régner le silence pendant environ 1 minute pour pouvoir faire un enregistrement du lieu neutre, sans dialogue. Celui-ci permettra d’homogénéiser le montage des séquences entre elles en post-production (notamment entre les dialogues enregistrés sur en plusieurs prises différentes). Il s’agit donc de demander à tout le plateau de faire silence et de ne plus bouger pendant le laps de temps de l’enregistrement. C’est généralement un moment très fort car il n’est pas du tout usuel de se retrouver dans une pièce avec d’autres personnes (que l’on ne connait souvent pas avant le tournage) et ne pas bouger ni échanger un mot pendant 1 minute. Cela peut vite sembler très long, mais sur un tournage intense, ce petit moment de répit fait aussi du bien et permet à tous de faire le vide et de se reposer.
Il y a toutefois d’autres tournages pendant lesquels il est impossible de faire taire l’environnement. Cela m’est arrivé plusieurs fois lorsqu’il s’agissait de tourner des interviews sur le terrain de festivals ou dans des musées. Pour les festivals, impossible de demander à un concert de s’arrêter pour avoir une prise de son propre. Percher par le bas (plutôt que par le haut), si le plan est serré, permettra ainsi de rejeter un maximum de bruit puisque le corps des festivaliers créera un mur naturel réduisant le bruit environnant. Dans les musées, c’est un peu plus compliqué, car il peut y avoir des vidéos diffusées dans certains espaces, créant un bruit de fond vraiment très dérangeant lorsqu’on désire enregistrer une voix. Si le tournage s’effectue en pleine journée lorsqu’il y a des visiteurs, il est généralement impossible de demander d’arrêter la diffusion de celles-ci. Il faut alors trouver le meilleur angle possible avec son micro (s’il s’agit d’une perche) et s’approcher au plus près de l’interlocuteur (idéalement l’utilisation d’un micro-cravate proche de la bouche permettra d’avoir les meilleures résultats). Certains outils en post-production permettent ensuite d’isoler un peu plus la voix pour un meilleur rendu.
Savoir être invisible
Autre qualité à devoir absolument acquérir, la discrétion. Quand on prend le son dans un environnement bruyant et que notre corps se trouve loin du bout de sa perche déployée au maximum (pouvant atteindre entre 3 et 6m voire beaucoup plus), ou que le micro est posé sur un pied auquel on connectera un câble de plusieurs mètres, il n’est pas difficile de demeurer invisible dans la prise sonore. Mais lorsque l’on se retrouve à enregistrer une ambiance, à quelques centimètres de son enregistreur portable (comme cela peut souvent m’arriver lors de voyages), c’est à son self-control qu’il faut faire appel, surtout si on le tient directement dans la main (ce qui peut engendrer des bruits de manipulation).
Enregistrement de l’ambiance de Genève Aéroport
Dans un environnement calme, le moindre froissement de tissu ou une respiration trop bruyante viendront ruiner la prise. Il est donc primordial de savoir se faire oublier, ne plus émettre aucun mouvement et juste écouter ce que l’on enregistre. J’aime bien ces moments car la seule chose que l’on fait, c’est se concentrer sur ce qu’on écoute et rien d’autre. Et mine de rien, ce moment de calme et d’écoute intense fait du bien. Quelle est la dernière fois où vous vous êtes arrêté et concentré sur l’ambiance sonore environnante? Au fil des années, cela m’a permis non seulement de découvrir de nombreux chants d’oiseaux, mais également de pouvoir réaliser ce qu’on entend autour de nous à chaque moment de la journée, en chaque endroit. Et ceci est d’une utilité fondamentale pour mon métier de sound designer quand je dois recréer des ambiances sonores de toute pièce, couche par couche, en post-production.
Être rapide et efficace
L’une des autres difficultés de ce métier, c’est qu’il faut savoir être efficace. Un tournage est souvent limité dans le temps (le staff complet d’un tournage coûte cher). Il faut alors pouvoir se rendre rapidement compte des besoins en terme de matériel, du placement du micro, voir s’il faut équiper l’intervenant d’un micro-cravate ou non, etc. Bien-sûr, engranger un maximum d’informations avant le tournage, lors de la phase de pré-production, sera nécessaire et souvent salutaire. Quoiqu’il en soit, il faut savoir s’adapter et trouver les bonnes solutions rapidement. Il peut arriver que l’on soit appelé en urgence sur un tournage 1 ou 2 jours après, sans avoir eu le temps d’étudier le projet ni avoir reçu beaucoup d’informations. Si l’on pense potentiellement pouvoir se retrouver face à des situations problématiques de dernière minute, il vaut mieux prendre un maximum de matériel avec soi. Il n’est donc pas rare que je prenne des micro-cravates lorsque l’on me demande uniquement d’enregistrer à la perche, ou d’avoir tout type de connecteurs possible avec moi pour parer à toute éventualité et pouvoir brancher la sortie de mon enregistreur à tout type de caméra possible. Une chose est sûre, quand vous vous retrouver à ne pas avoir pris du matériel (alors que vous l’aviez pourtant chez vous) et que vous en avez besoin, vous ne faites pas l’erreur une seconde fois.
Savoir jouer à cache-cache
Il m’a été utile d’avoir été un grand adepte du jeu cache-cache dans mon enfance, car pour ne pas se retrouver dans le champ de la caméra mais être suffisamment proche de la source pour prendre un son correct, il faut parfois faire preuve d’astuces et d’acrobaties. Il m’a donc fallu parfois me recroqueviller derrière un meuble, me coucher sur le sol ou encore grimper sur un lit pour pouvoir pointer mon micro de façon correct, sans être visible. Tout cela sans risquer de cogner la perche dans le décor pour ne pas induire des bruits parasites sur l’enregistrement. Il m’a en effet déjà fallu faire recommencer une prise pour ces raisons-là. Quand c’est à cause du son qu’il faut refaire une scène mais que tout le reste est nickel (dont le jeu d’acteur)… on se sent con.
Position inhabituelle sur le tournage du court-métrage Traces d’Eddy Juillerat
Mais devoir être hors champ n’est pas la seule contrainte. En effet, une perche peut créer des reflets dans des miroirs ou des fenêtres, ou des ombres qui apparaîtront elles, dans le champ. Ceci peut vite devenir très problématique lorsque l’on se trouve sur un tournage comportant de nombreuses lumières d’appoints, encore pire quand il s’agit d’un plateau de télévision composé d’une multitudes de spots. Quoiqu’il en soit, il est nécessaire de bien discuter avec le caméraman pour savoir comment se placer sans être visible. Devoir refaire une prise parce que la perche est dans le champ c’est ballot, mais arrive plus d’une fois dans sa carrière.
La météo, notre pire ennemie
Parlons maintenant des conditions atmosphériques. Autant le dire, j’ai eu de tout! Des températures à 30°C comme à -12°C, du grand soleil ou de la pluie, ou encore des milieux très venteux ou humides. Quand il faut très chaud, autant le dire, on sue. Porter entre 10 et 15kg de matériel en permanence tout contre soi, tout ça en se déplaçant et effectuant un effort pour pointer sa perche, ça donne chaud! Quand il fait très froid, c’est un autre problème qui survient. Les doigts sont engourdis et il devient tout juste possible d’avoir une dernière phalange qui survit et qui permette d’appuyer sur le bouton “enregistrer”. Il m’est également arrivé, lors d’un tournage à -12°C que mes câbles gèlent et que mes batteries se vident à vitesse grand V (les batteries ont horreur du froid).
Tournage dans le Jura pour Vaud Tourisme
Le vent et la pluie sont également deux facteurs importants à ne pas négliger car ils sont susceptibles d’altérer la qualité de la prise audio. En effet, le vent vient souvent frapper le micro de plein fouet, rendant parfois certains passages limite intelligibles lorsqu’il s’agit d’enregistrements de voix. Dans le meilleur des cas, ce ne sont que des basses fréquences qui apparaissent, et qui sont plutôt faciles à retirer lors de l’édition de l’enregistrement. Pour les cas plus extrêmes, cela peut devenir beaucoup plus compliqué voir carrément impossible. L’utilisation d’une bonnette (nommée deadcat en anglais de par sa similitude avec la peau d’un animal crevé) sera salvatrice et permettra d’obtenir un enregistrement professionnel. Certaines bonnettes telles que la Rycote Cyclone portent bien leur nom puisqu’elles permettent d’enregistrer dans des conditions venteuses particulièrement extrêmes. La pluie, elle, n’est pas en reste, puisque celle-ci vient directement frapper le micro, qui, même équipé d’une bonnette anti-vent, n’empêche pas l’apparition de “plocs” absolument horribles. Il m’est ainsi déjà arrivé sur un tournage, de devoir être protégé à l’aide d’un parapluie par un assistant. Après cette expérience, je me suis directement acheté le Rainman, une bonnette micro spéciale prévue pour ce type de circonstances.
Dernière condition extrême, l’humidité ambiante. Ainsi, sur le tournage d’un sketch pour une émission télévisée, une scène devait être tournée dans un hammam. Je n’étais pas particulièrement chaud à l’idée de soumettre mon matériel à ces forts taux d’humidités (l’électronique déteste ça). Par chance, la caméra s’est retrouvée pleine de buée dès l’entrée dans la pièce. La scène a donc été abandonnée et je n’ai pas eu besoin d’engager mon enregistreur et mon micro dans cette chaleur et humidité.
Enregistrement d’un sketch pour l’émission 26 Minutes, à Lavey-les-bains
Une confiance aveugle
Alors que lors d’une captation vidéo il y a généralement plusieurs personnes qui regardent le moniteur lors de la prise, pour le son on est souvent seul maître à bord sur de petites productions. Bien que dans certains cas il y a des réalisateurs qui demandent à connecter la sortie audio à leur caméra pour avoir, soit un son de référence lors du montage, soit pour pouvoir vérifier que tout fonctionne lors de la prise, ce n’est pas rare qu’on vous fasse une complète confiance et que l’on parte de l’idée que l’audio est parfait sans même l’avoir écouté. La pression est donc importante et il est primordial de pouvoir juger si la prise a été bonne ou non. Parfois le jeu de l’acteur, la lumière et l’image sont parfaits mais c’est le son qui ne fonctionne pas. Soit pour un problème survenant d’une erreur de manipulation de votre part, soit pour un problème indépendant de votre volonté (bruit extérieur venant ruiner la prise). J’ai du par exemple faire recommencer de nombreuses fois des parties d’interview qui se déroulait en-dessus d’une salle de fitness. En effet, le sol tremblait à chaque fois que les barres d’haltères étaient jetées sans ménagement sur le sol par les adhérents du club. Dans d’autres cas c’est une voiture bruyante qui passe ou un chantier qui viendra perturber la prise de son. La palme du pire perturbateur revient aux avions qui peuvent faire du bruit pendant bien 5 minutes. Une horreur sur un tournage en extérieur. Encore une fois, éviter des endroits de ce type lors du choix du lieu de tournage évitera bien des soucis.
La perche, une arme de destruction massive
La perche, outil avec lequel le perchman peut s’approcher d’une source sonore à distance, peut devenir un instrument bien encombrant. Manier une perche de plusieurs mètres dans un espace parfois très confiné peut vite s’avérer dangereux et transformer celle-ci en arme de destruction massive! Si on ne fait pas attention, il peut arriver que celle-ci vienne cogner des éléments du décor: meuble, lampe au plafond, ou pire, la tête de quelqu’un. Il vaut mieux avoir une bonne assurance au cas où. On ne sait jamais… Il faut donc éviter d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine . En tout cas, il m’est déjà arrivé de cogner quelques lampes au plafond, heureusement sans gravité.
Perche déployée au maximum de sa longueur lors de l’enregistrement de l’ambiance du port de Pully avec ses bateaux
Au bon endroit, au bon moment, avec le bon angle
Lorsque l’on fait de la prise de son d’ambiance, il faut s’adapter à l’environnement pour prendre le son au bon endroit, au bon moment et avec le bon angle. Premièrement, le choix du lieu est important. Est-ce le plus adapté pour l’ambiance dont on a besoin? Parfois en chercher un autre, similaire, ou se déplacer de 20 mètres permettra d’avoir un son de meilleure qualité, masquant ainsi un élément sonore dérangeant dans le décor. Ensuite, orienter son micro dans une direction ou l’autre ne donnera pas la même image stéréophonique. Est-ce qu’on décide de mettre l’autoroute qu’on entend au loin à droite, au centre, à gauche? Est-ce qu’une rivière devra être enregistrée de face ou de côté? Est-ce que le micro devra être placé à 20 centimètres du sol à ou hauteur d’humain (par exemple, le bruit des vagues peut être très différent selon la hauteur à laquelle il sera enregistré) ? Pour terminer, l’heure de la journée, ou même la saison influenceront le résultat de l’enregistrement. A des heures plus tardives, la vie est souvent plus calme. En été, il y aura plus de monde dehors qu’en hiver, et plus d’oiseaux. Il est donc nécessaire de prendre un moment pour faire un peu de reconnaissance, s’imprégner du lieu et faire le meilleur choix, voire même d’enregistrer le même lieu à chaque saison. D’autres fois, c’est le hasard qui fait bien les choses. On se retrouve à un endroit où un évènement intéressant apparaît. Quand on a son enregistreur avec soi, il ne reste plus qu’à le dégainer pour profiter de ce bonheur sonore inattendu.
Enregistrement d’ambiance campagnarde avec un tracteur. Celui-ci est apparaît quasiment au moment ou j’appuyais sur le bouton “enregistrer”, m’offrant ainsi un bruitage inattendu et encore meilleur que je ne l’avais imaginé
Ce que l’on voit, n’est pas ce que l’on entend
Pointer une caméra ou un micro dans une même direction ne permettra pas forcément de focaliser sur la même chose. Alors qu’une caméra peut zoomer sur un certain point et masquer de l’image tout ce qui ne l’intéresse pas, il est plus difficile de faire de même avec l’audio. En effet, une source sonore rayonne tout autour d’elle. Ainsi, l’autoroute que vous aurez pris soin de ne pas montrer à l’image, continuera tout de même de faire du bruit autour d’elle, et sera captée par le micro. Il m’est déjà arrivé de devoir prendre des sons très calmes (des mouvements de vêtements sans dialogues) pour un court-métrage, alors qu’un chantier faisait du bruit de temps à autre à côté. La solution? Attendre idéalement que le bruit passe. Mais cela n’est pas toujours possible lors d’un tournage. En effet, le temps est souvent compté et la lumière du soleil peut commencer à changer, ce qui peut vite devenir un problème. On mise alors souvent sur la post-production.
Il faut alors parfois prendre des décisions importantes. Est-il vraiment possible d’enregistrer l’action sur le vif en même temps que la caméra? Il m’est arrivé de devoir prendre le son d’une scène de court-métrage en forêt où le protagoniste principale bougeait à peine et ne parlait pas, émettant tout juste quelques respirations. De son côté le caméraman, lui, évoluait autour du comédien. Les bruits captés par mon micro étaient surtout les craquements des branchages émis par les pieds du caméraman. La solution consiste bien souvent, pour ce genre de scène, à doubler la prise hors caméra pour capter le son uniquement, et de la remplacer ensuite en post-production. Il s’agit alors de bien reproduire la scène et de l’enchainer directement après pour que le comédien soir toujours dans son jeu et conserve le même timing pour son action. Bien que ce soit l’unique solution, le processus s’avère beaucoup plus long, car il sera nécessaire de replacer l’ensemble des sons en parfaite synchronisation. Ainsi, devoir placer des dizaines voire des centaines de bruits de pas, des respirations ou des mouvements de vêtements pour que ceux-ci coïncident exactement avec l’image peut prendre des heures, voire des jours de travail, là où cela pourrait prendre beaucoup moins de temps sur un lieu de tournage calme. Idéalement bien-sûr, tous ces problèmes devraient être abordés en phase de pré-production, avant le tournage (malheureusement trop rare).
Éteignez-moi ces machines!
Lorsque l’on enregistre du son pour une vidéo, que ce soit des dialogues pour un court-métrage, un discours pour une vidéo d’entreprise, une interview ou une publicité, il est important que la voix puisse être intelligible, puisque c’est elle qui va véhiculer le message auprès du spectateur. Avoir un bruit environnant trop important peut donc vite devenir problématique, puisqu’il sera susceptible de couvrir la voix, ou du moins d’en altérer sa qualité. Bien qu’il soit de nos jours possible de corriger énormément de choses en post-production, il n’y a rien de tel que d’avoir un enregistrement le plus propre possible dès le tournage, car le gain de temps est énorme. Il m’a donc fallu, au cours de mes différents mandats demander d’arrêter un certain nombre d’appareils pour pouvoir obtenir un son correct. En voici une liste:
– le distributeur de boisson placé dans le hall d’une école hôtelière lors du tournage d’un court-métrage. En effet, le vrombissement occasionnel qu’il causait lorsque son système de réfrigération se mettait en marche, était trop audible sur la prise de son.
– les jets d’eau d’un centre thermal où se tournait un sketch pour une émission de télévision. Ceux-ci faisaient un tel bruit qu’il devenait difficile d’entendre clairement la voix du comédien qui récitait son texte non loin de là, même avec son micro-cravate.
– la génératrice alimentant en électricité un chalet servant de quartier général au tournage d’un court-métrage. Le moteur de celle-ci s’entendait beaucoup trop lors de la prise de son des scènes tournées à quelques dizaines de mètres de là.
– les frigidaires d’une cave à vin dont le vrombissement s’entendait trop sur la prise de voix d’une comédienne lors du tournage d’une vidéo promotionnelle.
– un chantier lors du tournage d’une scène extérieur d’un court-métrage. Les ouvriers ont été gentils de bien vouloir faire 10 minutes de pause pour que nous puissions tourner notre scène.
– la musique d’un court de zumba ayant lieu dans la pièce à côté d’un studio où se tournait plusieurs interviews.
– la musique et la ventilation du cigare lounge d’un hôtel 5 étoiles.
– la tondeuse à gazon d’un employé communal lors d’un tournage en extérieur.
J’espère que cet article vous aura permis de réaliser un peu mieux en quoi consiste le métier de preneur de son et les différentes situations que l’on peut rencontrer. Si vous êtes vous-mêmes du métier, n’hésitez pas partager vous-mêmes vos expériences dans les commentaires.
1 Comment
[…] est nécessaire d’avoir du bon matériel et des compétences de preneur de son (c.f l’article « Preneur de son, c’est quoi exactement ? » publié précédemment). Mais une fois l’enregistrement effectué, le travail ne s’arrête pas […]