Jingles Rouge FM 2015
30 décembre 2015Sound Designer dans une Game Jam
6 février 2016C’est en travaillant sur un festival (l’exposition nationale suisse « Expo 02 ») que j’ai rencontré Anom Darsana, un ingénieur du son. Balinais d’origine,
il a décidé après quelques années à avoir habité en Suisse de retourner travailler dans son pays natal. Son parcours atypique m’a donné envie de lui demander de nous le raconter via cette interview.
Bonjour Anom, pourrais-tu te présenter en qqs mots ?
Je m’appelle Anom Darsana , originaire de Bali en Indonésie. Je suis marié avec Tiziana Darsana et j’ai deux enfants: Tara Darsana & Neyja Darsana
Comment es-tu devenu ingénieur du son. Est-ce un rêve d’enfant ? Un hasard de la vie ?
Je suis venu en Suisse en 1992, à l’âge de 19ans, après le lycée. Au début, j’ai fait mes études à l’UNIL à Lausanne où j’y ai fait mon diplôme d’enseignement de français langue étrangère. Étant étranger dans un pays francophone j’ai eu de la peine à trouver un travail comme enseignant. De plus, la police des étrangers lausannoise ne voulait pas que je reste en Suisse après avoir fini mes études. Je me suis marié ensuite à Tiziana à Lausanne. Mais je vous rassure, ce n’était pas un mariage blanc, Tiziana est toujours ma femme (rires)
Je me suis ensuite intéressé à devenir ingénieur du son parce que j’ai fait de la musique à Lausanne et me disait que travailler dans le domaine du son était intéressant vu que la musique a toujours été ma passion. J’ai commencé à faire des jobs en tant que bénévole pour la télévision, le théâtre ou pour des films, pour me faire un peu d’expérience avant de commencer dans une école de son à Lausanne, le CFMS (Centre de Formation aux Métiers du Son). J’ai commencé alors mes études dans cette école en 2000, pour y apprendre l’aspect théorique du son. C’était assez dur… Puis j’ai beaucoup travaillé avec Hyperson, une entreprise de sonorisation, ce qui m’a permis de me faire beaucoup d’expériences. (Expo 02 – Paléo Festival – Montreux Jazz Festival – Cully Jazz Festival – Festival de la Cité – Fête de la musique de Genève).
Après avoir travaillé de nombreuses années sur des festivals en Suisse tu as décidé de revenir vivre à Bali. Est-ce que cela a été difficile de recommencer en quelque sorte à zéro après avoir construit ton réseau en Suisse?
J’ai quitté la Suisse en 2004 pour retourner à Bali. J’ai complètement recommencé ma carrière à zéro car ayant quitté Bali pendant à peu près 13 ans, je n’y avais plus de réseau pour le travail dans le domaine du son. Au début ça a été très dur, et j’ai failli retourner en Suisse car j’avais de la peine à trouver du travail en tant qu’ingénieur du son, mais maintenant cela va bien.
Tu es ingénieur du son en live mais également en studio. Tu enregistres donc dans ton propre studio les albums des artistes balinais ?
En Suisse j’avais mon propre studio d’enregistrement. J’y ai fait un album de hip-hop avec un artiste genevois nommé Pouney. C’était pas mal, je l’écoute en par fierté (rires). A Bali j’enregistre pas mal d’albums en studio également mais je préfère travailler sur des concerts en live. C’est plus stressant mais je trouve ça plus intéressant.
Qu’est-ce tu trouves plus intéressant dans le fait de faire ingénieur du son en live ?
Pour moi le plus intéressant en situation live c’est la sensation de mixer devant le public et de leur présenter un bon son. C’est aussi pour le plaisir d’avoir un contact direct avec les musiciens. Parfois on ne les connait pas mais il s’agit toujours d’établir un bon rapport avec eux pour leur faire le mixage qui leur convient le mieux. Ce sont eux qui produisent la musique, alors le plus important est de leur fait un bon mixage qui soit agréable en façade pour le public ou sur scène pour les musiciens lorsqu’on fait le mixage des retours. Il peut d’ailleurs m’arriver parfois de faire les deux en même temps.
Quel est le pire problème technique que tu aies eu en live et comment as-tu réussi à le régler?
Les problèmes techniques apparaissent parfois lorsque je dois faire le son façade et le son des retours en même temps. Une fois j’ai fait le mixage pour un groupe très connu mais il m’a été demandé de mixer sans pouvoir consulter les musiciens ni faire de soundcheck au préalable. Le plus dur a été surtout de devoir leur faire le retour en même temps (ndlr : normalement deux ingénieurs du son différents sont prévus pour cela). Je peux te dire que c’était la galère la plus totale quand tu ne les as pas directement devant toi sur scène (ndlr : l’ingénieur du son pour les retour se trouvant sur la côté de la scène contrairement l’ingénieur du son de façade qui est en face de la scène). A un moment un de leur moniteur de retour a eu des problèmes, principalement des larsens dû au fait que l’on n’ait pas pu faire de soundcheck. Par chance, la solution a pu être résolue via un iPad connecté sur la console de mixage Yamaha CL5. Merci à la technologie.
Revenons à ton studio. Quelle est sa configuration matérielle?
J’utilise une table de mixage digitale Yamaha 02R96 et j’enregistre l’audio avec Cubase 8 et Pro Tools HD. Mon studio à Bali fait deux fois la taille de celui que j’avais à Lausanne et contient plus de matériel que j’ai acheté à Jakarta tel que des préamplis tels que Great River, Avalon, Sebatron ou Focusrite, des microphones tels que Neumann U87 ou AKGC414, des cartes sons Linx Aurora et RME, un préampli Universal Audio et des enceintes Genelec pour ne citer que le plus important.
Ton précédent studio se trouvait en Suisse. As-tu eu de la difficulté à faire acheminer ton matériel vers Bali ?
Non. J’ai demandé une lettre de recommandation à l’ambassade indonésienne à Berne. Vu que je retournais à Bali, mon pays d’origine, je n’ai pas eu besoin de payer le taxe de déménagement de pays à pays. J’ai uniquement du payer les frais de transports du matériel. En deux mois tout mon matériel audio est arrivé sain et sauf, j’étais très content.
Tu organises également depuis quelques années des festivals, sur l’île de Bali. Peux-tu nous raconter comment tu es devenu organisateur d’évènements ? Un rêve de toujours ?
Le fait d’avoir un studio d’enregistrement et d’exercer en tant qu’ingénieur du son en live m’a permis de me créer beaucoup de contacts avec des magasins de location de sono et surtout des musiciens. En 2008, j’ai ouvert une maison d’art et musique à côté de mon studio. J’y organisais pas mal d’ évènements musicaux, des projections de films et des représentations de théâtre. L’endroit s’appelait Serambi Art Antida, et ça marchait super bien car c’était la seule maison d’art qui était super active et organisait pas mal d’évènements locaux et internationaux. Après une une année et demi, mon partenaire avec qui je travaillais ne voulait plus continuer l’aventure et a décidé de fermer parce que nous ne faisions plus de bénéfices. J’ai du alors déménager dans ce qui est devenu mon nouveau studio d’enregistrement .
Quelles sont tes plus belles expériences en terme d’organisation d’évènements ?
Ma plus belle expérience a été d’organiser l’évènement «Bali Tolak Reklamasi Art Event ». Un événement engagé pour protester contre notre ancien président qui a signé un accord avec un investisseur qui voulait «détruire» Bali en construisant un grand complexe immobilier. C’était un évènement grandiose que je n’avais jamais eu l’occasion de faire avant dans ma vie. Voici une vidéo de l’événement pour que vous puissiez vous faire une idée par vous-même.
Quels sont les concerts les plus mémorables parmi ceux sur lesquels tu as travaillé en tant qu’ingénieur du son ?
Le concert qui a pour mission de contester contre les riches investisseurs qui veulent détruire Bali. C’était un événement incroyable. Voici une vidéo.
Merci Anom, je te souhaite le meilleur pour tes prochains évènements.
Lien vers le site d’Anom regroupant son studio et ses évènements: www.antidamusic.com