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4 janvier 2021Nous avons tous pu nous rendre compte à quel point nos habitudes ont dû changer avec le coronavirus. Que ce soit dans nos rapports sociaux ou dans nos gestes, rien n’est comme avant et il y a de fortes chances pour que l’on ne voit pas de retour à la normale de sitôt et qu’il faille continuer à pratiquer certaines normes sécuritaires durant encore longtemps. Avec les déconfinements progressifs ici et là et la reprise de la quasi-totalité des activités, dont pour ma part les tournages, j’ai pensé qu’il pouvait être utile de rédiger un article sur les normes d’hygiène à respecter dans une telle situation. Comment désinfecter son matériel et avec quels produits ? Comment même éviter au maximum les germes, microbes, bactéries et virus sur celui-ci ? C’est ce que je vous propose d’aborder dans les lignes qui suivent.
La prise de son est certainement l’un des métiers générant le plus de contacts potentiels entre intervenants et matériel lors d’un tournage (micro-cravate porté sur l’individu, micro pris dans la main lors d’une conférence, micro serre-tête posé près de la bouche, etc.). Bien que les divers autres corps de métier dans une équipe de captation audiovisuelle ne génèrent pas forcément autant d’interaction ni de promiscuité, les divers points de cet article ne restent pas moins obligatoires pour tout le monde et pourront s’appliquer à la manipulation de divers autres appareils notamment les caméras par exemple. Mais avant cela, voici justement un rappel des gestes sécuritaires à respecter selon l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP).
Pratiquer la distanciation
Qu’on le veuille ou non et malgré la reprise du travail après une pause complète, le virus circule toujours parmi nous. Il est donc nécessaire plus que jamais de ne pas prendre cela à la légère. Pour commencer, garder les 2 mètres de distance conseillés reste une règle de base, avec les personnes que nous côtoyons professionnellement. Pratiquent-ils une bonne hygiène ? Ont-ils été en contact avec des personnes à risque ? Nous n’en savons rien. Il faut donc (malheureusement) considérer chaque personne comme une source virale potentielle. Par chance, j’ai pu constater que de façon générale les gens sont d’une part, très respectueux de cela, et d’autre part, conservent également une certaine peur de leur côté. Il n’y a donc pas besoin de lutter pour mettre cela en place auprès de l’ensemble de l’équipe.
Quand la distance est impossible à respecter, notamment quand je dois poser un micro-cravate sur un intervenant, je prends toujours soin de mettre un masque de protection. Heureusement, les boîtes de production audiovisuelles avec lesquelles je travaille prévoient toujours un stock de masque et l’ensemble de l’équipe (excepté les intervenants qui passent à l’image) en portent pendant l’intégralité du tournage. Voici une liste des divers masques et de leur efficacité.
Rappelons toutefois que les masques chirurgicaux que nous rencontrons la plupart du temps ne PROTÈGENT PAS des autres. Ils protègent les autres de nos microbes. Il est donc important que TOUT LE MONDE en porte pour ne pas faire circuler le virus. Pour une efficacité totale et dans les deux sens, les masques FFP2 sont idéaux. Et bien-sûr rien de tout cela n’a de sens si l’on ne manipule pas ces masques correctement ni avec les mains propres. Un petit rappel de la façon de les utiliser dans cette vidéo réalisée par l’excellente chaîne de reportages BRUT.
Avoir les mains propres
C’est une règle d’hygiène de base et pourtant je pense qu’avant cette pandémie, elle n’était encore que trop peu respectée. Il est important de se laver un maximum les mains avant, pendant, pendant, pendant, pendant, pendant et après. Et malgré cela il est également nécessaire d’avoir un gel hydroalcoolique sur soi en permanence pour pouvoir les nettoyer lorsqu’aucun lavabo avec eau et savon ne sont disponibles. Il est donc devenu courant que les gens sortent leur petit flacon toutes les 2 minutes, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Les gels, bien qu’ils aient certainement tous la même efficacité relative face aux microbes, sont très inégaux en termes d’odeur et de consistance. Certains sentent très bons alors que d’autres empestent le vieil alcool frelaté. Certains également sont très liquides alors que d’autres sont poisseux et nécessitent limite de s’essuyer les mains après. Optez donc pour celui qui vous conviendra le mieux. Personnellement j’ai porté mon choix sur le Sterillium.
Avoir son matériel propre
Chaque objet en contact avec autrui doit être désinfecté. Que ce soit avant (pour ne pas risquer de leur transmettre quelque chose) ou après utilisation (pour ne pas risquer qu’eux nous transmettent quelque chose). Suivant les objets à désinfecter, il y a deux moyens différents de procéder. Pour les mousses de micros (mais aussi par exemples pour des surfaces comme des tables), les bonbonnes antivirales Pantasept sont très adaptées. Elles sont d’ailleurs utilisées toutes l’année dans les studios radio pour éviter que les animateurs parlant souvent à quelques centimètres des mousses de micro, ne se transmettent des microbes entre eux. Il est également utilisé en studio d’enregistrement sur les filtres antipop. Ce produit existe également sous forme liquide. Attention évidemment à ne pas utiliser ces produits vaporeux ou liquides sur des circuits électriques ou les parties de matériel sensibles à l’humidité sous peine de les abimer.
À noter que certains médias vont même jusqu’à emballer leurs mousses de micro dans des emballages plastiques pour éviter l’étape de vaporisation. Il est en effet plus simple de jeter le plastique après et d’en mettre un nouveau. Plus pratique et plus sûr en effet, mais moins esthétique et avec le risque d’un filtrage trop important du son. Cela dit, c’est tolérable pour du reportage mais ne le serait pas pour une production audiovisuelle de haute qualité. Et puis à notre époque, l’esthétique lors d’interview est peut-être passée un peu au second plan puisque l’on ne compte plus les interventions effectuées par des intervenants avec un masque sur le visage (on s’y habituerait presque).
Pour les plus petites surfaces, les petits tampons alcoolisés Soft Zellin sont idéaux. Conditionnés dans de tout petits emballages, il est très facile d’en avoir une grande quantité avec soi, glissé dans son sac, une poche ou un même un portefeuille. Bien que j’en aie acheté en renfort au début de cette pandémie, j’en avais déjà l’utilité auparavant puisque je les utilisais pour nettoyer une parcelle de peau avant d’y appliquer un micro-cravate (lorsqu’on le cache sous les vêtements). Ce type de lingettes est également extrêmement pratique pour désinfecter les câbles puisque l’on peut aisément le glisser tout le long de celui-ci. Enfin, ils sont également très pratiques pour nettoyer les germes potentiels sur des écrans tactiles ou des claviers d’ordinateurs portables.
Si ce format est trop petit pour vous il en existe de nombreux autres, dont les lingettes pour les mains Sterillium, idéales également pour remplacer un gel hydroalcoolique lorsque l’on n’en a pas avec soi, mais également pour nettoyer des poignées de micros, ou des perches télescopiques telles que nous pouvons les voir sur un preneur de son ou dernièrement dans les reportages du téléjournal.
Éviter de faire passer son matériel de mains en mains
Confiez au minimum votre matériel à de tierces personnes. La meilleure manière d’éviter qu’un appareil soit potentiellement contaminé, c’est de limiter le nombre de mains dans lesquels il passera. Si vous devez donc mettre un récepteur sans fil sur une personne ou un récepteur de timecode sur une caméra, essayez de le faire vous-mêmes, tout en évitant de toucher le reste de l’appareil si possible. Bien-sûr, pour le respect de chacun, avertissez toute personne de la manipulation que vous allez faire, pour éviter des malaises ou malentendus. J’ai moi-même commis une erreur lors d’un des mes derniers tournages. Je devais changer les piles sur l’émetteur sans fil du micro-cravate posé sur un comédien et lui ai demandé s’il pouvait tenir ma perche pendant ce temps. J’ai vite réalisé mon erreur quand j’ai vu sa tête se décomposer face à ma demande. Mais c’était trop tard, il l’avait déjà prise en main. Je lui ai du coup donné mon gel hydroalcoolique pour qu’il puisse se désinfecter les mains et j’ai dû ensuite désinfecter ma perche avec une lingette, chacun ayant pu potentiellement transmettre des microbes à l’autres. Pas simple en plein tournage de penser à toutes ces choses-là les premières fois.
Les micros des journaux télévisés protégés par un plastique lors d’interviews
Désinfecter au fur et à mesure quand cela est nécessaire
Il reste certaines situations où il est impossible d’éviter les microbes potentielles. Ainsi, lors d’une conférence, l’utilisation d’un micro main peut potentiellement véhiculer des virus ou des bactéries (il est alors nécessaire de prévoir d’en désinfecter le manche entre chaque intervenants). Une autre solution pourrait être le micro serre-tête que l’intervenant poserait lui-même sur sa tête. La capsule du micro étant très proche de la bouche, celui-ci devra alors évidemment être immédiatement désinfecté à nouveau après avoir été rendu. Une première tendance semble toutefois montrer que les organisateurs d’évènements tels que les conférences pensent éviter ce type de microphone ces prochains mois.
En résumé, effectuer un tournage par ces temps de pandémie du coronavirus demande certains ajustements mais n’est pas impossible si tout le monde respecte les gestes sécuritaires. Il s’agit surtout d’être prudent en gardant au maximum ses distances avec autrui, prévoir suffisamment de matériel (potentiellement plus de micros mains par exemple) et de désinfectants de toute sorte. Attention, maintenant que la pénurie de désinfectant de toute sorte est passée, créez-vous un petit stock si le cas venait à se reproduire (on redoute toujours un second confinement…). J’avais eu ainsi la chance d’avoir encore tous les articles dont je vous parle en quantité suffisante pendant tout le confinement, mais ils ont absolument tous été très vite en rupture de stock.
Prévoir un retour audio pour le client
Selon les règles sécuritaires en vigueur édictées par les gouvernements, il est parfois nécessaire de limiter le nombre de personnes présentes dans une même pièce. Il m’est ainsi arrivé d’avoir un tournage dans une suite d’hôtel, dans laquelle nous ne pouvions être que 5 à la fois. Le client devait alors se trouver dans une pièce attenante. Il peut dans ce cas être utile de prévoir un retour audio (sous forme de récepteur sans fil sur lequel est branché un casque par exemple) pour les gens qui ne peuvent être présents dans la même pièce. Encore plus idéal, l’utilisation d’une enceinte d’écoute type musicale (et fonctionnant sur batterie) possédant une entrée audio. Cela permettra ainsi à plusieurs personnes d’écouter le résultat en même temps, sans avoir besoin de plusieurs émetteurs-récepteurs.
Parfois le retour est même fourni via un moniteur externe branché en HDMI via la caméra principale, pour que le client puisse regarder ET écouter ce qu’il se passe. Si cette caméra reçoit un retour audio de la part de l’enregistreur, elle pourra alors fournir image et son au moniteur si celui-ci est muni d’un haut-parleur. Si le budget le permet et que l’équipe vidéo en possède un, c’est souvent la meilleure solution puisqu’elle permet ainsi à plusieurs personnes de suivre l’action en même temps.
N’hésitez pas à partager vos propres méthodes avec nous ! En attendant, protégez-vous et bonne chance dans vos prochains tournages. Check du coude !